L’aide à mourir dans les EHPAD et autres ESMS serait contraire à leur projet d’offrir une « aide active à vivre »

Publié le

29 avril 2024

par

Alain Rondepierre

 

Les EHPAD et les autres établissements médico-sociaux (notamment ceux accueillant des personnes handicapées) sont des lieux de vie. Le projet de l’établissement et donc de l’ensemble des professionnels est d’offrir aux résidents une « aide active à vivre » jusqu’à la fin de leur vie. L’aide à mourir est contraire à ce projet, car elle n’est pas un soin.

Leur projet prioritaire est d’améliorer l’accompagnement des personnes à la fin de leur vie. La présence d’équipes mobiles de soins palliatifs est donc indispensable à proximité afin qu’elles puissent venir en appui aux professionnels des établissements. Ceux-ci ont besoin d’être formés, afin d’être de plus en plus imprégnés de la culture des soins palliatifs. Il en est de même des médecins traitants qui interviennent dans les établissements (particulièrement en EHPAD). Ces formations doivent être financées par les pouvoirs publics.

Les équipes des établissements constatent en effet quotidiennement que les dispositions législatives et réglementaires existantes sont trop mal connues : on considère encore souvent que la sédation profonde et continue jusqu’au décès est une euthanasie déguisée, que la lutte contre la douleur est refusée par les opposants à l’euthanasie, que l’obstination déraisonnable est une pratique souhaitée par ces mêmes opposants.

Aussi nous parait-il absolument nécessaire de promouvoir fermement la mise en œuvre des dispositifs déjà existants avant d’en imposer d’autres.

De ce fait, et dans un souci de cohérence intellectuelle et de clarté, il apparait fondamental de DISSOCIER la question du développement des soins palliatifs de la question de l’AIDE A MOURIR… « Abriter » cette dernière derrière le développement des soins palliatifs relève d’un « non choix ». Le développement des soins palliatifs prendra des années quand la mise en œuvre de l’aide à mourir (euthanasie ET suicide assisté) sera immédiate !!!

Les établissements constituent de vraies communautés de vie entre les résidents, les familles, les professionnels et les bénévoles, entre lesquels les liens sont généralement très étroits. Comme dans une grande famille, chaque décès est un moment partagé de tristesse et de peine.

Dès lors, la pratique de l’aide à mourir dans ces établissements serait une source de troubles profonds et de conflits. Les résidents, qui sont tous des personnes particulièrement vulnérables, s’inquièteraient inéluctablement d’apprendre que leur voisin de chambre, de table ou d’activité s’est suicidé ou a été euthanasié. Les professionnels du soin étant majoritairement hostiles à l’aide à mourir, des tensions importantes se créeraient entre eux alors qu’un bon accompagnement des personnes suppose au contraire la cohérence de l’équipe. Ces inquiétudes, ces craintes, ces tensions et même ces conflits se répercuteraient sur les familles et les bénévoles. 

Pour toutes ces raisons, l’aide à mourir ne peut pas être pratiquée dans leurs établissements ou, du moins, faut-il que les établissements puissent refuser qu’elle soit pratiquée dans leurs locaux. Le résident qui souhaiterait néanmoins bénéficier d’une aide à mourir pourra bien évidemment y accéder, mais dans d’autres lieux offrant cette possibilité.

Si le projet de loi devait être voté, il serait nécessaire que les EHPAD et autres établissements sociaux et médico-sociaux privés puissent refuser que l’aide à mourir soit pratiquée dans leurs locaux.

La note à télécharger ci-dessous explicite cette position.

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